Une journée de fête dédiée au bienheureux Maurice Tornay (1910-1949) est prévue dimanche 20 octobre à La Rosière (Orsières), son village natal. L’occasion de découvrir ce missionnaire de la congrégation des chanoines du Grand-Saint-Bernard, tué en raison de sa foi au Tibet, où il était curé de l’unique paroisse de l’époque.

Portrait de Maurice Tornay, pris avant son départ au Tibet

Pourquoi l’année 2024 est-elle liée au bienheureux Maurice Tornay ?

Chanoine Joseph Voutaz, curé dans les paroisses du secteur d’Entremont : Il s’agit d’une année jubilaire, qui commémore les 75 ans de sa mort comme martyr, le 11 août 1949 au Tibet. Nous avons choisi de marquer l’évènement le 20 octobre, dimanche de la mission universelle. Nous inaugurerons aussi une messe chantée en l’honneur du bienheureux. Ce jour-là, il y aura une dizaine de chorales de notre secteur de l’Entremont ou des environs.

Quelle est l’actualité de son message ?

Le bienheureux était un de ces saints «de la porte d’à-côté», comme dirait le Pape François, un valaisan pur souche, avec ses apérités de caractère : il  avait une personnalité forte, courageuse. C’est un saint pour notre temps, proche et imitable. Ce qui me touche personnellement est qu’il a vécu un don de lui-même avec ses qualités, ses défauts, ses fragilités. On voit aussi dans sa vie un abandon progressif. Je pense à l’une de ses dernières lettres : «…maintenant je le sais, convertir est l’œuvre de Dieu seul». Il est passé d’une sainteté volontariste à une sainteté plus abandonnée, dans la confiance en Dieu qui peut tout.

C’est aussi saint qui peut parler à la jeunesse. Il est mort jeune, à 39 ans. Il a soif d’absolu, il ne fait pas de compromis. Il fonce, tout en accueillant petit à petit la volonté de Dieu plutôt que la sienne.

C’est une pépite d’or pour notre Église diocésaine aujourd’hui, encore assez méconnue.

Qu’avez-vous observé de l’évolution du culte du bienheureux ?

Je suis arrivé il y a neuf ans à Orsières. Il n’y avait alors pas tellement de pèlerins qui venaient, puis ces dernières années, il y a eu de plus en plus de groupes de paroisses ou de catéchèse. On a fait un grand effort pour que le pèlerinage et les lieux de visite prennent consistance. Outre la maison et la chapelle, à La Rosière même, il existe maintenant la chapelle intégrée à l’église d’Orsières, et un chemin didactique qui mène les pèlerins d’Orsières à La Rosière en une heure et demie. Il est désormais plus facile de venir passer un temps sur les pas du bienheureux. Progressivement, Maurice Tornay devient plus connu et parle au cœur de plus de personnes.

Espérez-vous un jour le voir devenir saint ?

Oui, nous espérons un jour une canonisation. On y va à pas sûr, le pas du guide valaisan, sans trop se précipiter, en se disant que c’est aussi un peu l’initiative de Dieu. Comme le disait le bienheureux dans l’une de ses lettres, «l’heure de Dieu viendra». On a publié une neuvaine d’intercession, et un livre – 365 jours avec le bienheureux Maurice Tornay (éd. Saint-Augustin). Nous essayons aussi de prendre contact avec des personnes disant avoir reçu une faveur de la part du bienheureux. Pour la canonisation, il faut qu’un miracle soit reconnu, et c’est un travail de longue haleine. Le travail de fond est surtout de le faire connaître, de l’aimer et de le faire aimer autour de nous.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani

Plus d’infos sur le site www.bienheureuxmauricetornay.ch